Music Park Newsletter N°4

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Village de France

Ola Mousaillon!

       Par mille millions de mille milliards de mille sabords! (comme aurait dit le capitaine...), pendant que naviguent sur les océans et mers du monde de Dionysos tous les bardes du blues, du jazz et de toutes les musiques que peut compter notre planète, la bataille sur les droits d'auteurs fait rage au château de la commission européenne, La France très en avant dans la défense de son système, est l'un des pays les plus farouches dans l'attaque du rapport de Julia Reda sur l'harmonisation des droits d'auteur en Europe. Si l'on y regarde bien il n' y a pas de quoi jeter un corsaire par dessus bord. Réduire à 50 ans la durée de vie des droits patrimoniaux, (en France c'est 70 ans) ou étendre les exceptions, sur toute l'Europe, comme la possibilité d'utiliser une œuvre  dans une nouvelle œuvre à des fins de parodie, donner plus de pouvoirs juridiques aux artistes, ou permettre une liberté encadrer dans un environnement non commerciale les œuvres crées à partir d'autres œuvres (mash-up), non, ce n'est pas une révolution. Là où se situe vraiment le débat c'est la territorialité, le système des sociétés de perception et de répartition des droits est basé sur le monopole territoriale, et l'harmonisation risque de faire perdre ces monopoles qu'ont chaque société nationale sur leur territoire respectif. A partir de là, on assistera, peut être, à une guerre entre sociétés d'auteur, chacune d'elles envahissant le territoire de l'autre pour ne pas se faire envahir elle-même, l'attaque étant la meilleur des défenses. Est-ce que les artistes en tireront profits, cela est moins sûr, car sur l'hôtel de cette bataille, ce sont d'autres acteurs de la culture de l'expression artistique qui tireront les marrons du feu, les nouveaux tenanciers de la culture tel les GAFA et autre Spotify, Dezzer, etc, car leur système est déjà transnational, et ils auront vite fait de proposer au-delà de la diffusion musicale, une gestion des droits d'auteurs d'un artiste et s'insinueront dans la gestion extra-internet. Alors on peut se dire que cela sera  peut être mieux pour les artistes, d'une certaine façon oui, mais la réalité sera à l'image de ce que l'on peut voir aujourd'hui. N'oublions pas que le monde n'a pas encore vue les rapports équitables en matière de commerce comme une nécessité absolue, loin de là, nous sommes plutôt dans la loi du plus fort autrement appelé ultra libéralisme, le mot liberté ici n'étant utilisé que pour la liberté d'écraser l'autre. Alors faut-il défendre la position du lobby français du droit d'auteur, qui représente pas forcément tous les auteurs, (sans compter que légiférer sur les droits d'auteur sans différencier le domaine de l'auteur, c'est oublié que les réalités sociales d'un peintre n'est pas la même que celle d'un musicien ou d'un écrivain et ainsi de suite) ? Si vous êtes un capitaine du système, alors évidement vous savez où sont vos intérêts, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Mais pour la grande majorité des aspirants ou bien encore des simples matelots, cela pourrait représenter une opportunité, «à nous les grands vents et alizés du monde entier !», mais j'ai bien peur que le scénario soit déjà gravé sur les galets de la plage où bons nombres échoueront, comme ils échouaient déjà auparavant.

       Les rapports sont déjà établis entre les artistes et les nouveaux diffuseurs, on sait qui sont les plus forts, pourtant sans musicien ces nouveaux géants ne sont riens. Les musiciens ne seraient ils pas conscients de leur force ? Le soucis c'est que les musiciens ne représentent pas une force mais des forces qui œuvrent pour elles-mêmes, d'autant plus que le monde dans lequel nous naviguons est un monde de compétition où les places sont de plus en plus chères. Et à l'instar du monde du sport où la compétition est claire et définie (quand ceux-ci ne s'adonnent pas aux dopages), celle chez les musiciens est un non dit qui conditionne les rapports en d'innombrables hypocrisies. Alors espérer voir les musiciens s'allier dans une défense commune sur leur droits, sachant que le système remue le ponpon (tel les manèges de nos enfances) donnant à celui qui le reçoit une place au soleil, c'est peut être une chimère à laquelle s'accroche Music Park. Trop nombreux sont les musiciens qui préfèrent mettre leur énergie pour pouvoir attraper le ponpon plutôt que de faire en sorte que le système du ponpon n'existe plus pour un monde plus juste, même si par ailleurs il chante ce monde meilleur qui paraît-il, arrivera si on les écoute.

Si l'on parcours le net, on peut lire à de nombreux endroits des musiciens prêt à renverser la table, mais cette multitude n'est pas représentée et reste encore timide. C'est pourquoi telle Hélène disputée par Pâris et Ménélas, les musiciens seront encore les spectateurs d'une bataille où ils n'auraient rien à dire. Qui va gagner cette guerre de Troie, nul ne le sait, mais les musiciens, et non ceux qui se revendiquet comme leurs représentants, en tentant de s'y dérober tel Ulysse, n'obtiendront que leur soumission au nouveau monde en construction comme ils l'étaient déjà avant dans l'ancien monde.


Le moussaillon


 

Le mot du président

       Comme vous avez peut être vue, la page d'accueil du site n'est plus la page des albums de musique mais celle du blog, qui va sans doute devenir l'unique blog de l'association, les blogs édités sur Google étant appelés à disparaître. Ainsi l'actualité de l'association sera mis en avant, et vous pourrez toujours surfer sur le site comme avant. Ceci fait suite à la conférence « Droit d'auteur, diffusion musicale, artiste-émancipation et autonomie », afin de mettre en avant l'aspect « militant » de l'association. Un conférence à la quelle était présent un peu plus d'une quinzaine de musiciens désireux de comprendre un peu mieux ce « machin » (expression, pour d'autres choses, volé au général), le droit d'auteur et son système et son environnement, et de voir quelles étaient les possibilités d'évoluer sans se contraindre à un système que peu connaissent dans son entièreté mais dont tous ont compris qu'il n'était pas le meilleur.

       Au delà du fond, ce fût une belle soirée, un peu longue débordant le temps prévue, surtout quand il s'agit non pas d'un spectacle mais d'un sujet qui ferait fuir n'importe quel citoyen désirant de l'action, de l'émotion ou des sentiments. Il faut dire que le lieu atypique fût du meilleur choix, un lieu et son association que l'on remercie encore, cela donna incontestablement une ambiance conviviale que l'on ne peut avoir dans une salle lambda, quand bien même vous mettriez les petits plats dans les grands.

       A la lumière des mercis entendus ici ou là, étant le « conférencier », je sais que cette soirée fût enrichissante pour ces auditeurs, et si pour l'instant l'association Music Park n'a pas vue un afflux vers son projet de diffusion de musique, je sais qu'il faut du temps pour digérer, assimiler et agir en conséquence d'une conscience nouvellement augmentée. Quand on voit le chemin d'un Franck Lepage, on se dit qu'il faut répéter et répéter encore, faire évolué ses mots et le message qu'il contient, pour ainsi rallier de plus en plus de gens à une cause, mais je dois dire que je n'ai pas prévu pareil parcours. Il y aura peut être d'autres éditions de cette conférence, avec des mises à jours, mais il appartiendra aux citoyens, aux artistes, aux associations, de faire en sorte que les consciences soient de plus en plus éclairées. A ces fins vous pouvez télécharger le diaporama à cette adresse.
 

Le président